Patrick Chaize, le sénateur devenu le « vice-ministre » des télécoms


Patrick Chaize, sénateur (Les Républicains) de l’Ain, à Paris, le 14 novembre 2022.

A 60 ans, le sénateur (Les Républicains) de l’Ain Patrick Chaize ne s’imaginait pas faire le buzz sur TikTok. Il a suffi d’un montage vidéo de cinquante secondes tiré d’une audience au Sénat, le 22 mars, de Xavier Niel, le propriétaire de Free (et actionnaire à titre individuel du Monde), pour que son nom fasse le tour du réseau social. On y voit le patron de l’opérateur télécoms, qui a promis, en janvier 2022, de geler ses prix pendant cinq ans, s’étrangler après une remarque du sénateur sur sa « politique tarifaire agressive ».

La vidéo a cumulé une dizaine de millions de vues. Xavier Niel y est même allé de son clic : il a republié sur Twitter un message relayant la séquence, agrémenté de nombreux commentaires contre un sénateur « qui roule pour Orange », selon l’un d’entre eux. Après coup, le fondateur de Free a envoyé un courriel à M. Chaize pour regretter cet emballement.

Le sénateur de l’Ain admet que le « retweet de Xavier Niel sur le montage vidéo n’était pas très sympa », mais dit ne pas lui en vouloir : « J’ai un grand respect pour les personnes qui ont réussi en partant de rien, et j’apprécie sa conviction. »

« Sa proposition de loi est une calamité »

Surtout, ce n’est pas la colère noire du patron de Free qui va l’ébranler : M. Chaize s’est déjà mis à dos tout le secteur. La cause ? Une proposition de loi sur la qualité des raccordements en fibre optique. Les opérateurs ne veulent pas en entendre parler, inquiets de perdre la main sur ce chantier et d’être dans l’obligation de dédommager les abonnés débranchés.

Le ministre de la transition numérique et des télécommunications, Jean-Noël Barrot, et l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) ne sont pas non plus entièrement convaincus par l’efficacité d’une telle loi. Mais le sénateur peut compter sur le soutien de ses collègues : sa proposition a été votée à l’unanimité par le Sénat, le 2 mai, et attend d’être inscrite à l’agenda de l’Assemblée nationale.

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« Sa proposition de loi est une calamité », tacle, sous le couvert de l’anonymat, le dirigeant d’un opérateur, sans comprendre pourquoi l’élu de l’Ain « tourne en boucle » sur la fibre optique. Profiterait-il d’un sujet grand public pour briller politiquement ? « Je suis plutôt en fin de carrière et très heureux comme ça », dément l’ancien maire de Vonnas entre 2008 et 2017, commune surtout connue pour son restaurateur triplement étoilé Georges Blanc.

Serait-ce pour avoir une loi à son nom ? « J’ai coché la case avec la loi de 2021 sur l’empreinte environnementale du numérique », répond-il. Et si c’était alors pour servir des intérêts cachés ? « Il est insensible aux lobbys. Il est simplement déterminé à ce que le pays dispose d’un réseau de qualité », rétorque Philippe Le Grand, le président d’InfraNum, la fédération des professionnels des infrastructures numériques, pourtant « pas favorable à sa proposition de loi ».

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Catégorie article Politique

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